FRANÇOIS ANDRÉ FARKAS

FRANÇOIS ANDRÉ FARKAS

FRANÇOIS ANDRÉ FARKAS dit ANDRÉ (1915- )

Né à Tim ずoara en 1915, ville hongroise, puis roumaine après la Première Guerre mondiale, André François rêve, très tôt, de peindre et de venir étudier à Paris. Après un bref détour par l’École des beaux-arts de Budapest, il arrive à dix-huit ans dans la capitale française, où Cassandre l’accueille dans son cours. Il se manifeste dans la presse dès avant la guerre avec des dessins d’humour. Il réalise avec Mose et Chaval Manigances (1953): un nouveau langage pour rire, purement visuel, naît alors. Introduit par Ronald Searle, il publie en Grande-Bretagne The Biting Eye of André François (1960), un exploit rarement réalisé par les humoristes français. La période qui suit se caractérise par de nombreuses illustrations, dans lesquelles la peinture occupe une place qui ira croissant au fil des années, en particulier pour des revues ou des quotidiens (Punch , Vogue , Elle , The New Yorker , Télérama , Le Monde ), des illustrations de livres (Ubu roi , A. Jarry, 1957; Brave New World , A. Huxley, 1961; Si tu t’imagines , R. Queneau, 1979; L’Arrache-cœur , B. Vian, 1981), des décors et des costumes pour la scène (Le Vélo magique , R. Petit, 1957; Pas de dieux , G. Kelly, 1960; Scène à quatre , E. Ionesco, 1959; The Merry Wives of Windsor , W. Shakespeare, 1964), des affiches publicitaires ou culturelles (Baignol et Farjon, 1955; Kodak, 1957; Citroën, 1960; Olivetti, 1961; Le Nouvel Observateur , 1972-1973; Habitat, 1977; Centre de création industrielle, 1980; Télérama , 1982, affiches de films de P. Étaix...). Associé à Jacques Prévert pour illustrer Lettre des îles Baladar (1952), il est sensible au pouvoir allégorique des livres pour la jeunesse. Suit un petit livre-objet, Les Larmes de crocodile (1956), qui innove par l’esprit et la forme, et qui, dès sa sortie, reçoit de la critique américaine le prix du meilleur livre pour enfants. La connivence malicieuse de l’artiste avec le monde des enfants ne sombre jamais dans l’édification pédagogique, les lecteurs, tous âges confondus, sont entraînés sur les ailes de l’imagination. Cette manière est une constante, et ses manifestations sont multiples: Eggzercise Book (1980) et, plus récemment, Le Fils de l’ogre (1993) aux facétieux jeux langagiers, graphiques et picturaux.

À partir de 1960, André François se consacre plus totalement à la peinture, et il en fait un art non conventionnel empreint d’humour et de rapprochements incongrus. Associations de formes, assemblages éclectiques donnent une force insolite à la cohérence finale des œuvres. Certains tableaux sont construits par imbrications successives d’éléments jusqu’à composer des ensembles très complexes, des retables (Le Grand Cirque du Vexin , 1982), d’autres à l’opposé sont d’une extrême simplicité, comme le Lépidermoptère (1974), où un papillon collé évoque le pubis d’une silhouette de femme en partie ébauchée. Le calembour visuel poétique s’agrémente d’un jeu avec les mots. Accentué ou dévoilé par une légende, le plaisir ludique est partie prenante de la réussite esthétique. Toute l’œuvre est sous ce signe, une grâce qui transfigure la réalité jusqu’à en sourire.

L’œuvre d’André François a été transcrite dans une variété étonnante de matériaux: huile, aquarelle, fusain, pastels, encre, crayon, toile, papier ou, plus inattendu, bois flottés, galets, morceaux de poteries, lambeaux de vieux papiers peints, métal, cuir, etc. Avec la peinture, les collages ou les sculptures, le point de départ est souvent un objet. Choisi pour sa naïveté esthétique, le galet, la planche érodée par le sable, la vieille chaise de la décharge, le papillon ou la matérialité graphique d’un mot, tous ces fragments de réalité contribuent à créer un espace de liberté et d’invention. Le partage traditionnel des arts, appliqués ou non, perd tout sens pour ce créateur: son art exprime la maîtrise d’un style de pleine maturité.

Docteur honoris causa du Royal College of Art de Londres, il a reçu le Grand Prix national des arts graphiques en 1980. Une imposante rétrospective lui a été consacrée au palais de T 拏ky 拏 à Paris en 1986, une autre au Mitsukoshi Museum of Art de T 拏ky 拏 en 1995.

Encyclopédie Universelle. 2012.